Comment se laisser traverser par l’atmosphère d’une époque, d’un tableau, d’une sculpture, d’une histoire ? Ressentir l’intuition d’un artiste, la force de son discours ?
Comment pouvons-nous avoir l’envie de rester plus de quatre secondes devant un tableau ? Ressentir le besoin de s’immerger plus longuement dans le sens de l’histoire de l’art et des hommes ? Dans notre histoire ?
Pouvons-nous rencontrer une oeuvre avec nos seuls yeux ? Les odeurs donnent-elles plus de lenteur à nos regards ? Et sans nos yeux, la culture pourrait-elle se mettre au parfum ?
L’odorat est le sens qui nous conduit le plus à fermer les yeux. Pourtant, depuis quelques années, l’odorat fait une entrée fracassante au temple du regard, le musée. Pourquoi un tel engouement ? Quels sont les pouvoirs cognitifs de la médiation olfactive ?
L’odorat est un magnifique médium de transmission. Si le parfum est un objet d’étude muséale depuis longtemps, comme en témoignent les nombreuses expositions à son sujet, il est expérimenté depuis peu comme outil de médiation.
L'expérience olfactive non seulement attire le visiteur, mais a aussi un impact immédiat sur son comportement. Si la vue est associée à la connaissance, l’odorat a un lien intrinsèque avec la mémoire et les émotions. En neurologie, les circuits d’information olfactive conduisent directement au cerveau limbique, la part émotionnelle. Ils favorisent des associations mentales persistant dans le temps.